Dernier déplacement à Northampton ! par Ethy

Un match contre un club anglais est toujours un moment particulier. Les souvenirs historiques se mêlent : de l’héroïque Guillaume de Normandie qui, victorieux à Hastings, alla jusqu’à Londres pour être sacré roi d’Angleterre, des Bleus de 2011 qui renversèrent spectaculairement le quinze de la rose en quart de finale à Auckland pour être ensuite sacrés Champion du Monde (… seulement dans nos cœurs, maudit Craig Joubert), jusqu’au plaquage monstrueux de Lawes sur Plisson lors du VI Nations de 2015. Ces matchs ont une odeur d’épopée, de poudre, un petit goût de bière, de jelly pudding et de cervicales.

Pour ce déplacement à Northampton, donc, rendez-vous était donné vendredi 26 mai à 8h30 en gare d’Ermont-Eaubonne. Ne nous y trompons pas, il s’agissait bien là pour moi d’un premier défi : pour un parisien, la gare d’Ermont-Eaubonne paraît quand même beaucoup plus proche de Northampton que de Paris. Tout le monde arriva à l’heure, mus par deux objectifs éminents : d’une part, finir la saison sur un coup d’éclat avec une qualification en Champions Cup et, d’autre part, chanter plus fort que les Anglais. «Challenge accepted », comme ils disent.

 

 

 

 

 

 

 

Le voyage fût sans encombre jusqu’à l’arrêt réglementaire à Folkestone, qui nous permit de déjeuner en goûtant à la légendaire finesse gastronomique anglaise avant de reprendre la route.

 

 

 

 

 

 

C’est à ce moment que les ennuis commencèrent vraiment. Voyez-vous, le lundi fin mai est le « Spring Bank Holiday » en Angleterre : un week-end de trois jours avec le lundi férié. Les Anglais ont donc tous la mauvaise idée de prendre la route le vendredi. Ainsi, la plupart de l’après-midi fut passée dans les embouteillages. On aurait pu s’enthousiasmer de découvrir ainsi tout un pan de la culture anglaise mais force est de constater que les embouteillages anglais n’avaient pas grand chose de différent des embouteillages français – seulement, il sont à gauche.

Ce n’est donc que 10h après être partis (d’ailleurs bravo aux chauffeurs Titis pour leur patience et, en ce qui me concerne, un merci particulier à Cédric) que nous atteignîmes l’hôtel à Northampton. À peine le temps de poser nos affaires et nous repartîmes à pied pour rejoindre le stade juste à temps pour l’échauffement des joueurs et chanter un « Joyeux anniversaire » à Clément Daguin.

 

À notre grand désarroi, les tambours furent confisqués par la sécurité. Qu’importe, nous avions de la voix et des tap-taps ! De nombreux supporters des Saints, très gentils bien qu’anglais, vinrent très agréablement nous serrer la main, discuter et nous souhaiter un bon match – même la mascotte.

 

Et quel match formidable ! Nos roses ont brillé en première mi-temps d’une classe remarquable, avec les formidables essais dans des mouvements d’une beauté ahurissante de Waisea, Sinzelle et Camara. Djibril fût grand, majestueux même, et marqua ce match de sa classe. Si les Anglais chantaient alors timidement, de notre côté nous mettions de l’ambiance dans le stade en chantant à tue-tête du début à la fin et quasiment sans répit notre répertoire de supporters.

Puis il y eut cette seconde période sans aucun point des roses… Peut-être était-ce dû à la débauche d’énergie de la première période. Peut-être, tout simplement, une mauvaise gestion du match. Mais du fait de nombreuses fautes de main et pénalités concédées, les Anglais confisquèrent le ballon. Il y eut aussi cette faute honteuse de Wood sur Camara, peut-être pour le punir de son excellent match, qui nous fit tous nous lever d’un bond.

Et c’est piqués à vif par le carton rouge, nos chants incessants et le regain de vigueur de leurs joueurs, que les supporters des Saints se mirent à leur tour à chanter fort, très fort même, et couvrir nos chants par leur « When the Saints Go Marching In ». Et nos joueurs comme nous, supporters, nous prîmes la marée.

Las ! Le match fut perdu d’un tout petit point. « Cela fait bien 3 ans et demi que je n’avais pas entendu autant chanter dans ce stade » nous confia un vieux supporter anglais à l’issue du match. Pour paraphraser Malherbe :

Nous étions du monde où les plus belles choses

Ont le pire destin ;

Et roses, nous avons vécu ce que vivent les roses,

L’espace d’un matin.

Après le match, nous félicitâmes un à un joueurs et staff, puis nous nous rendîmes dans un pub pour boire quelques bières et chanter avec des Anglais.

Nous ne pouvions cependant pas quitter ainsi l’Angleterre sans passer par la ville de Rugby, située à moins de 35 kilomètres de Northampton. C’est pourquoi le lendemain, nous y partîmes pour visiter le Webb Ellis Museum, un petit musée gratuit qui bénéficie de documents historiques et dons de l’équipe des Barbarians.

 

 

 

 

 

 

 

Et, bien sûr, il y eût aussi la photo de groupe obligatoire devant la statue dudit William Webb Ellis, ce génie – ou fou, c’est selon, et probablement un peu des deux – qui, d’après la légende, s’est dit un jour qu’il n’en avait rien à faire des règles et prit le ballon à la main lors d’un match de soule. Puis prîmes le chemin du retour.

Une petite chose cependant nous réchauffa le cœur, malgré la fatigue et la défaite : alors que arrivions à la frontière, l’ASM Clermont élimina le Racing en demi-finale. C’était toujours ça de pris, et l’occasion pour nous de chanter un taquin « Merci Clermont » dans le shuttle. Le retour vespéral fût sans encombre. Arrivés à Paris un peu après minuit, nous nous séparâmes à l’issue de ce qui fut, malgré tout, un très beau déplacement. Mon premier, avec les Titis.

 

Ethy.

30-05-2017